fiesta [Nath]

Je fixais Rose en souriant tandis qu’elle s’amusait à courir après les pigeons sans jamais désespérer de ne pas parvenir à les attraper. Ma fille semblait ravie de pouvoir gambader toute seule sans avoir à se faire malmener le bras par ses casse-pieds de parents, enfin le fait est que je n’étais pas tellement enchantée à l’idée de paumer ma fille en pleine ville. C’est pourquoi je reconnaissais volontiers que je préférais la tranquillité du square pour me balader en famille et de loin d’ailleurs en comparaison avec les rues bondées de New-York. Et puis en plus de ça il faisait merveilleusement beau ces derniers jours, le mois de juillet était très chaud alors nous profitions de nos moments de repos pour emmener Rose en promenade, elle qui adorait marcher depuis qu’elle tenait sur ses deux pattes était littéralement conquise à chaque fois par toute la nature qui l’entourait. J’aurais aimé que nous puissions la faire sortir plus souvent de la sorte mais il était devenu un peu compliqué de gérer les loisirs avec nos emplois du temps déjà très chargés.

Tandis que je maintenais Rose contre moi et que nous observions les canards tout près de l’étang, des éclats de voix venant d’un peu plus haut me poussèrent à regretter les jolis compliments que j’avais pu faire concernant la nature et les parcs, je me retournais vers l’origine de ce boucan avant d’apercevoir une bande de nanas complètement déchaînées. L’une d’elle portait une espèce de tenue d’écolière très sexy et se pavanait dans les allées du square en réclamant quelques pièces de monnaie pour sa quête. Je compris aussitôt qu’il était question d’un enterrement de vie de jeune fille et fus d’autant plus convaincue quand Nath qui était resté un peu en retrait avec la poussette se retrouva accaparé par les nénettes. Je fronçais légèrement les sourcils tout en me demandant ce qu’elles lui voulaient, je ne tardais néanmoins pas à le découvrir quand la future-mariée glissa un stylo dans les mains de mon copain en lui demandant je ne sais quoi.

J’estimais alors que le moment était venu de faire mon entrée, enterrement de vie de jeune fille ou pas, je n’étais pas tellement ravie qu’autant de nanas surexcitées gravitent autour de Nate. Après tout il baladait une poussette, je ne voyais pas pourquoi c’était lui qu’elles avaient jeté leur dévolu, j’imaginais qu’elles auraient pu trouver tout un tas de mec célibataire dans le coin. Cependant quand je m’approchais de mon petit-ami, la seule chose qui intéressa la bande de filles fut la bouille de Rose, elles fondirent toutes devant sa frimousse et réclamèrent des photos avec elle et ce genre de chose. Je notais au même moment que la future-mariée avait le ventre complètement gribouillé de numéros de téléphones, d’où le stylo alors…

La voix de l’une des filles me tira de ma contemplation quand elle nous expliqua que leur copine Zoé épousait l’homme de sa vie dans quelques mois, c’était donc l’occasion pour elles de faire la fête et de profiter de leur amie pour l’une des dernières fois en tant que « célibataire ». Je hochais la tête d’un air entendu avant qu’une autre de ces joyeuses nénettes ne nous demande si nous étions nous-même mariés. J’esquissais un léger sourire en coin et fixais ma fille que Nath tenait contre lui distraitement avant de secouer la tête négativement.

C’est elle notre contrat de mariage, on aime pas trop faire les choses dans l’ordre chez nous. Les informais-je légèrement amusée avant qu’elle ne s’exclame dans tous les sens que Nath devait absolument me demander ma main.

Je fixais les pigeons qui avançaient sur l’herbe tout en me disant à quel point ces bestioles pouvaient être bêtes, ils passaient leur journée à marcher comme des cons en agitant leur tête d’en avant et en arrière. Je poussais un léger soupire et posais mon regard vers Rose qui s’enthousiasmait devant les petits canards du lac, j’esquissais un léger sourire face à ce joli tableau. Les enfants se contentaient vraiment d’un rien, songeais-je tandis que Rose paraissait incroyablement heureuse de voir quatre canard nager tranquillement. Cependant je n’eus pas le temps de l’admirer plus longtemps qu’une horde de femmes habillées comme un carnaval m’assaillir. Ma petite promenade tranquille venait de se tourner en avalanche de cris et de d’exclamations béates. Une des filles me tendit un stylo puis me le flanqua dans la main en réalisant que j’étais un peu dépassé par la situation.

Visiblement il fallait que je marque mon numéro sur le ventre de la future mariée déjà bien recouvert de chiffres. Je restais quelque peu alerté en me demandant le but de cet affaire, je m’apprêtais alors d’écrire un faux numéro inventé de toute pièce histoire d’obtenir le calme. Heureusement Phoebe arriva à la rescousse, malheureusement les filles sautèrent aussitôt sur Rose en affirmant qu’elle était trop « mignonne » et qu’elles voulaient prendre des photos avec elle. Je fronçais les sourcils en refusant qu’elles prennent ma fille ne photo, je ne voulais pas qu’elle se retrouve sur internet à côté de photos étranges propres aux enterrements de vie de jeune-fille. J’attrapais donc Rose pour la serrer contre moi en m’assurant qu’aucune des filles n’étaient en train de la prendre en photo.

La bande de filles nous demanda alors si nous étions nous mêmes mariés, je baissais mon regard vers Phoebe qui souriait de manière assez anecdotique. Ma copine affirma alors que notre fille était notre « contrat de mariage », j’esquissais un léger sourire en fixant de nouveau Rose qui regardait les environs avec ses jolis yeux. Il est vrai que notre fille était ce qui nous reliait de manière « officielle », les gens partaient souvent du principe de Phoebe était ma femme. Il arrivait souvent que les personnes me parle de Phoebe comme « votre femme », j’avais pris l’habitude au fur et à mesure et finalement je venais à considérer Phoebe comme ma femme même si nous n’étions pas vraiment mariés.

Cette excitation me retomba dessus comme une pierre quand les filles s’indignèrent que je n’ai pas encore demandé à Phoebe d’être officiellement ma femme. Je me sentis aussitôt très con et quelque peu persécuté par ces filles. Ce serait mentir de dire que je n’y avais jamais songé, mais j’avais toujours eu peur de passer à l’acte, je savais à quel point Phoebe pouvait être réticente à toute forme d’engagement. Et puis il y avait la disparition de Shae, je n’étais pas sûr que Phoebe soit prête à prendre un si grand engagement maintenant que sa soeur n’était plus là.

Vous voulez que je le fasse maintenant devant les canards ? Marmonnais-je légèrement agacé par ces effusions, cependant les filles ne remarquèrent rien et s’enthousiasmèrent aussitôt d’assister à une demande en live.

J’entrouvris légèrement la bouche en comprenant que les filles étaient réellement perturbées par le fait que je ne sois pas encore mariée à Nate malgré notre statut de parents. De mon côté je ne trouvais pas ça particulièrement gênant, des tas de couples ne passaient jamais le cap du mariage et étaient tout à fait heureux, nous n’avions jamais envisagé de franchir cette étape. Je supposais que nous étions tous les deux très heureux de notre sort et que nous n’avions pas forcément besoin d’avoir une bague au doigt pour être épanouis, nous avions déjà notre fille pour prouver notre engagement l’un envers l’autre et je m’en contentais très bien. Cependant la future-mariée et ses copines ne semblaient pas du tout d’accord avec cette façon de voir les choses et c’était compréhensible dans la mesure où elles participer toute à un enterrement de vie de jeune fille mais ne pas être mariée au père de mon bébé ne faisait pas de moi une femme insatisfaite, bien au contraire. Je n’avais jamais été très emballée par l’idée de toute manière et si Nath m’avait toujours bien fait comprendre qu’il voulait des enfants, il n’avait néanmoins jamais fait d’allusion au mariage.

Je ne pu m’empêcher de rire quand mon copain leur demanda si elles seraient satisfaites de le voir me demander en mariage devant les canards, enfin lui n’était pas du tout amuser par cette situation. Il semblait plutôt agacé par le comportement de ces filles mais aucune d’elles ne semblaient cependant avoir remarqué le malaise. Il faut dire qu’elles lui mettaient une sacrée pression depuis qu’elle l’avait abordée, dans un premier temps elles prenaient un peu trop leurs aises avec Rose en réclamant des photos d’elle comme si elle n’était qu’une vulgaire poupée et dans un second elles venaient le titiller sur un sujet plus ou moins sensible que nous n’avions même jamais abordé tous les deux. Enfin moi ça me faisait rire malgré tout même s’il était hors de question qu’il me demande ma main devant un régiment de canards idiots.

Je m’empressais de venir déposer mes mains sur ses lèvres pour l’empêcher de parler à nouveau tout en pensant que je ne voulais pas que nous abordions cette discussion dans ces circonstances, personne n’avait besoin d’être témoin et je détestais me donner en spectacle. Si je venais un jour à me marier il était hors de question que je me comporte comme ces nanas, d’abord parce que je bossais maintenant à la CIA qui n’accepterait sans doute pas que l’un de leurs agents se fasse remarquer et ensuite parce que c’était vraiment un moment censé être intime… Et puis nous n’étions même pas sûrs de le vouloir tous les deux.

S’il doit me demander en mariage un jour je ne veux pas qu’il le fasse devant des filles qui se pavane presque nus et qui nous hurle dans les oreilles, désolée. Même les canards nous offriraient plus d’intimité. Me moquais-je en libérant la bouche de Nath.

Les filles se plaignirent alors de mes paroles mais décidèrent de ne pas insister, elles nous informèrent qu’elle devait se remettre en route mais assurèrent néanmoins que nous ferions de beaux mariés tous les deux et que zappé cette étape dans notre vie serait vraiment du gâchis. Elles ajoutèrent des petits mots adorables à l’intention de Rose avant de repartir en hurlant comme des truies. Je ne pu m’empêcher de rouler des yeux et adressais un sourire à Rose qui les montrait du doigt.

Quoi ? Toi aussi tu veux te balader presque toute nue dans un parc remplit de canards ? Plaisantais-je en n’osant plus regarder mon petit-ami après tout ça.

Sans vraiment comprendre ce qui passa par la tête de Phoebe celle-ci vint plaquer ses mains sur ma bouche, je lui lançais un regard étonné tout en me demandant ce qui lui prenait. Je ne comprenais pas trop pourquoi cette petite sortie prenait cette tournure et pourquoi je me retrouvais avec des mains sur ma bouche pour m’empêcher de parler, comme is j’allais dire une grosse connerie. Je me contentais donc d’attendre que ma copine se décide à me libérer et me donne de nouveau mon droit de parole tandis qu’elle rembarrait les nombreuses filles qui nous entouraient à présent. Cet attroupement commençait sérieusement à m’agacer, déjà ces nana se mêlaient de ce qui ne les regardait pas, elles avaient crée un petit attroupement très peu discret et plusieurs personnes passaient devant nous en nous regardant en biais, sans compter sur Phoebe qui m’agrippait le visage.

Après qu’elle eu fini d’engueuler les filles je pus de nouveau retrouver l’usage de ma bouche, je ne pipais cependant pas mot de peur de nouveau me faire agresser pour m’empêcher de dire quoique ce soit. Je lançais un regard agacé aux filles qui s’éloignaient avant de me tourner de nouveau vers Rose qui semblait plus perturbée par leur départ qu’autre chose. Ma copine s’empressa de demander à notre fille si elle avait l’intention de se promener elle aussi quasi nue dans un parc avec les canards. Rose ne comprit pas grand chose aux évènements et se tourna vers moi visiblement étonné de me voir si muet, j’haussais les épaules et ma fille s’empressa de poser ses mains sur ma bouche à son tour en rigolant. Je fronçais légèrement les sourcils tout en comprenant qu’elle essayait de copier sa mère et je n’étais pas assez en colère pour ne pas fondre devant la mine amusée de ma fille.

Je suis bien parti avec vous deux moi grommelais-je avant d’embrasser doucement ses petits doigts ce qui la fit rire de plus bel.

A vrai dire je craignais un peu de ce que deviendrait mon quotidien une fois que Rose serait plus grande, je ne voulais pas qu’elle termine comme ses filles à hurler dans tous les sens comme des hyènes en se montrant en spectacle. Je voulais qu’elle reste une petite fille toute mignonne et qu’elle ne grandisse jamais. Merde je me transformais en Monsieur James, songeais-je aussitôt, j’allais finir comme le père de Phoebe : vieux et grincheux. Enfin maintenant que j’avais moi-même ma propre fille j’imaginais bien ce qu’il pouvait ressentir, c’était difficile de s’imagine cette petite bouille devenir grande, prendre son envol et fréquenter des garçons alors que pour le moment elle n’avait d’yeux que pour moi. Je poussais un léger soupire et la fixais encore un instant avant de reprendre notre promenade tandis qu’elle tripotait mes cheveux.

Je fus très amusée par le geste surprenant de Rose, cette dernière était en effet venue déposer ses petites mains contre la bouche de son père à son tour, exactement comme que je l’avais fait quelques minutes plutôt. J’étais au moins rassurée de voir qu’elle savait déjà comme s’y prendre avec les hommes du haut de ses un an, ma blondinette était prête à accomplir de grandes choses avec la gente masculine, pensais-je sur un ton plus ou moins humoristique. Nate se désespéra alors de ne pas être particulièrement bien entouré avec nous deux, je haussais les épaules d’un air dédaigneux en songeant au fait qu’il n’avait de toute façon plus le choix. Enfin il avait toujours la possibilité de me jeter mais pour Rose c’était fichu, il était condamné à l’assumer durant les dix-huit prochaines années et plus si affinité. C’était bien pour cette raison que je ne souhaitais pas procréer de nouveau, j’étais assez sûre de moi quand je disais que notre gamine allait suffisamment nous occuper au fil des années et que nous n’avions pas besoin de lui faire des frères et sœurs qui ne feraient que nous mettre des bâtons dans les roues et nous empêcher de nous consacrer à Rose comme il le faudrait.

Ne joue pas les martyrs, tu adores ça. Déclarais-je en espérant que jouer la carte de la plaisanterie le détendrait.

Je ne comprenais pas vraiment pourquoi ces filles l’avaient agacé à ce point, je voyais bien comme il était tendu et ce genre de situation arrivait rarement en ce qui le concernait alors je me demandais comment une petite bande de nénette plus ou moins inoffensives avaient pu énerver mon petit-ami au point qu’il hésite même à se détendre devant les bêtises de sa fille adorée. Bon il n’avait pas lutté très longtemps face à elle mais quand même en général il ne se faisait pas prier pour s’intéresser à Rose. Je me demandais donc si le fait d’avoir abordé la question du mariage de cette façon pouvait être responsable de tout ça. Le fait est que je ne savais pas ce que mon copain avait à dire à ce sujet, la meilleure manière pour moi de riposter face à ses filles avaient été l’humour mais je n’avais pas remarqué une quelconque forme d’irrespect dans nos paroles.

Tu as l’air énervé ? Elles t’ont froissé à ce point ? Je les ai trouvées plutôt amusantes moi, au moins elles étaient authentiques comme filles. Assurais-je pensivement. Bon je reconnais qu’elles n’auraient pas dû insister à ce point pour prendre Rose en photo et elles n’auraient d’ailleurs même pas dû t’aborder avec aussi peu de tissus sur le corps mais elles n’étaient pas méchantes, ce n’est quand même pas pour cette malheureuse « confrontation » que tu boudes ? L’interrogeais-je en observant son profil.

Je continuais de ronchonner dans mon coin avant que Phoebe ne vienne me demander pourquoi j’étais à ce point agacé par ces filles étant donné que de son côté elle les avait trouvées plutôt « authentique ». A vrai j’aurais préféré que ma copine laisse couler l’affaire au lieu de tenir à savoir pourquoi ces filles m’avaient à ce point agacé. Je ne savais pas trop comment l’expliquer non plus, mais les voir hurler dans tous les sens ainsi et parler de choses qui ne les regardaient certainement pas ne m’amusait pas du tout. De plus je n’avais pas trop apprécié la réaction de Phoebe à ce sujet, cette manière de se jeter sur moi pour m’empêcher de parler m’avait vraiment déstabilisé et j’avais eu la sensation d’être sur le point de dire une connerie. Je savais que le mariage pouvait être une discussion difficile pour elle, c’était bien pour ça que je m’en abstenais mais réagir de la sorte alors que je n’avais absolument rien dit me donnait la sensation d’être un petit garçon idiot.

Je me contentais donc d’hausser les épaules en ressassant toute cette histoire. Forcément ce n’était pas vraiment l’idée du siècle de se braquer de la sorte pour une petite bande de nanas écervelées et la réaction de Phoebe. Mais je me sentais étrangement « diminué » et je ne savais pas comment réagir. Est-ce que j’étais censé demander Phoebe en mariage ? Enfin nous avions une fille à présent, ce n’était plus une petite bague qui allait la faire fuir, mais pourtant j’étais convaincu que ce n’était pas le bon moment. Et puis il y avait Shae qui était toujours portée disparue, ça se trouve parler de mariage ferait paniquer Phoebe qui déciderait de mettre à son tour les voiles pour aller retrouver sa soeur je ne sais où. Je retins un soupire en songeant que les femmes James étaient bien trop compliquées et qu’enfin de compte j’aurais préféré qu’il soit coutume que la femme demande l’homme en mariage.

Je fronçais les sourcils face à cette constatation tout en me disant que si c’était le cas Phoebe n’y aurait jamais pensé et en fin de compte nous en serions au même stade une fois vieux et ridés. Pour ma part je n’avais jamais vraiment porté grande importance au mariage, avoir un enfant était pour moi une bien plus grande marque de respect et de fidélité. Cependant ça pourrait être bien, Phoebe serait officiellement ma femme, ce qui ne changerait pas grand chose à notre quotidien sauf qu’elle porterait mon nom et que nous aurions une cérémonie sympa où nous recevrions plein de cadeaux hors de prix vu sa famille pleine aux as.

Tu voudrais te marier toi ? Marmonnais-je du bout des lèvres en tournant mon regard vers Rose histoire de ne pas avoir à affronter celui de Phoebe.

Mon cœur eut un raté quand Nath m’interrogea de manière très directe à propos du mariage, est-ce que c’était sa manière à lui de me demander de l’épouser ? Enfin je n’étais pas une fille particulièrement romantique à la base mais je ne trouvais pas forcément les circonstances « adéquates » si telles avaient été ses intentions. Après tout, il affichait une mine boudeuse quelques secondes plus tôt et maintenant j’étais censée accepter ou refuser de l’épouser ? D’accord, peut-être que je me faisais des idées et qu’il s’intéressait juste à mon avis à titre informatif mais quand même. Je posais alors mon regard sur la poussette de Rose que je faisais rouler droit devant moi et ne pu m’empêcher de penser que nous étions déjà plus ou moins mariés, c’est d’ailleurs ce que j’avais répondu aux filles quelques minutes plus tôt quand elle nous avait interrogés à propos de notre couple. Le fait d’avoir un enfant était un engagement mille fois plus important à mes yeux, après tout on ne se débarrassait pas d’un gamin comme on mettait fin à un mariage.

Organiser une cérémonie de mariage serait juste une manière d’officialiser un peu les choses, enfant ou pas les gens ne me prenaient pour l’instant pas vraiment au sérieux quand j’annonçais être dans une relation alors oui peut-être que le fait de porter une alliance au doigt me rendrait un peu plus crédible. Et puis ça pourrait être aussi l’occasion d’inviter du monde autour d’un grand repas, de se retrouver et de faire la fête sans se préoccuper de quoique ce soit d’autre que des festivités et de chaque convive présente. Le seul point noir restait Shae, que penserait-elle de tout ça ? Serait-elle seulement présente si Nate et moi finissions par nous marier ? Je ne savais pas trop si j’étais prête à m’amuser sans ma sœur, à passer un cap aussi important en sachant qu’elle ne participerait probablement pas.

Je… Bafouillais-je en pinçant les lèvres. J’en sais rien, peut-être ? Si ça nous permet d’officialiser notre histoire, pourquoi pas. On est déjà un peu mariés après tout mais ça ne suffit pas, je suis toujours « mademoiselle James ». Avouais-je pensivement. Et toi tu aurais envie de le faire ? Me risquais-je à mon tour.

Et dire que quelques minutes plus tôt je m’inquiétais à propos de lui et de son air bougon, finalement ses filles ne nous apporteraient peut-être pas que de mauvaises choses si elles nous permettaient d’organiser une cérémonie de mariage un peu par la force des choses. La seule chose qui m’effrayait aujourd’hui dans le fait de laisser Nath me passer la bague au doigt, c’était de le perdre comme Shae venait de perdre Aaron. Certes ma tristesse serait la même que si nous n’étions pas mariés sauf que nous n’aurions pas échangé de vœux en mairie ou devant un prête, il ne m’aurait fait aucunes promesses contrairement à un mariage…

Comme je l’avais imaginé Phoebe sembla quelque peu décontenancée par ma question, je me sentais aussitôt tout aussi gêné qu’elle et continuais de fixer Rose avec intérêt. Je fus cependant soulagé quand ma copine vint souffler un « peut-être » bon ce n’était pas la réponse la plus positive qu’il soit, mais au moins elle n’était pas totalement contre l’idée et je ne me retrouvais pas comme un con. Phoebe pensait que si ça pouvait nous permettre d’officialiser notre histoire c’était une bonne idée, d’autant plus qu’à ses yeux nous étions déjà un petit peu mariés. Je détournais mon regard vers le sien et la fixais un instant tout en me demandant si nous étions vraiment sur le point de nous décider à nous mariés. Enfin pas vraiment parce que je ne comptais pas la demander en mariage ici en plein milieu d’un parc avec Rose dans mes bras et une casquette sur le front, mais c’était tout comme.

Phoebe me demanda alors si j’avais envie de le faire, même si je ne m’étais pas réellement posé la question j’étais soudainement très motivé à l’idée de me marier. Comme si brusquement le fait de porter une alliance allait apporter quelque chose d’incroyable à mon quotidien, pourtant nous vivions déjà ensemble depuis un moment, nous partagions un compte en banque ainsi qu’un enfant. Mais maintenant Phoebe serait réellement ma femme, du point de vue de la loi, de Dieu et de toutes ces conneries. Elle ne serait plus ma « copine » ou la mère de mon enfant, elle serait réellement ma femme.

Oui, enfin je n’y avais jamais vraiment pensé assurais-je simplement. Mais après tout on a Rose, on vit ensemble et on a un compte en commun, à part le papier de la mairie on a tout d’un couple marié ajoutais-je calmement. Et ça sera l’occasion d’avoir un voyage de noces remarquais-je avec amusement.

Je me sentis brusquement ôté d’un poids après que Phoebe ait accepté plus ou moins de m’épouser. Bon maintenant il allait falloir que je pense à une demande officielle parce que je ne voulais pas me contenter de ça et raconter un jour à Rose que je n’avais jamais vraiment demandé sa mère en mariage. Je n’avais pas trop d’idées sur comment m’y prendre, mais j’imaginais que j’allais pouvoir me renseigner à droite à gauche sur le sujet afin de mettre au point un plan d’attaque digne de ce nom.

Nate m’avoua qu’il n’avait jamais vraiment songé au mariage avant aujourd’hui et je m’en étais d’ailleurs toujours douté. Il avait tout de suite été bien plus motivé par le fait de fonder une famille que celui de devenir mon mari et comme je n’avais jamais vraiment eu l’intention de me marier avec lui non plus et bien les choses n’avaient pas vraiment bougé entres nous, hormis le fait que nous avions Rose à charge à présent. Cependant les choses semblaient être sur le point de devenir différentes étant donné que nous abordions ce sujet de manière plutôt positive, je ne savais pas où tout cette conversation allait nous mener mais envisager un vrai mariage ne me faisait en tout cas plus aussi peur qu’avant. J’estimais qu’après avoir accouché, je ne pouvais plus être effrayée par grand-chose et puis Nath pouvait d’ores et déjà obtenir tout ce qu’il voulait de moi, à quoi bon se contenter du concubinage quand nous pouvions encore aller plus loin dans notre relation ?

Mon copain remarqua alors tout naturellement que nous avions une petite fille, un appartement et un compte en banque commun, en vérité seul le passage devant le prêtre ou le maire faisait encore défaut mais il avait raison lorsqu’il notait que nous avions déjà tout d’un couple marié. Je me rendais bien compte qu’épouser quelqu’un était un grand cap dans une vie mais ça ne m’angoissait pas autant que le fait de devenir maman, alors maintenant que j’en étais devenue une et bien je pouvais aborder les prochaines étapes de la vie avec sérénité. Du moins c’est ce que je pensais en cet instant précis, pas sûr que je fasse encore autant la maligne avec une bague de fiançailles autour du doigt. Heureusement nous n’en étions pas là.

Pour finir, mon petit-ami tenta de me convaincre définitivement en me rappelant que des noces se concluaient généralement par une lune de miel et pour le coup j’étais très emballée par l’idée. Partir en voyage, juste lui et moi, c’était le rêve absolu et j’étais prête à devenir madame James-Taylor juste pour vivre ce magnifique séjour. Je me souvenais de celui de Shae, elle nous avait raconté des choses merveilleux à propos ces vacances aux côtés d’Aaron. Les choses s’étaient néanmoins terminées d’une manière tragique et tout ce que je désirais c’était que mon couple survive un peu mieux à ce monde de folie, pour rien au monde je ne souhaitais perdre Nathanaël.

Tu m’achètes une jolie maison dans une résidence sympa et je t’épouse sur le champs. Finis-je par déclarer sur le ton de la rigolade avant d’attraper Rose pour l’emmener aux jeux pour enfants et ainsi poursuivre de manière moins tendue notre petite promenade.