Petit bisou [Lily]

J’attrapais la main de Lily quand elle tenta d’attraper mon téléphone et retirais celui-ci de la table pour le glisser dans la poche de mon jean sans lui laisser le temps de faire quoique ce soit. Je baissais le regard vers elle sans cesser de rire tout en me demandant pourquoi elle me semblait si belle ce soir. A vrai dire je l’avais toujours trouvé jolie, mais je ne m’étais jamais attardé sur la question, cependant depuis que nous nous étions retrouvés cet après-midi je n’arrêtais pas de me faire la réflexion. Dès qu’elle souriait ou qu’elle me lançait un coup d’oeil je me sentais incroyablement con à sourire de la sorte, mais je la trouvais incroyablement belle. Depuis que j’avais remporté mon titre de champion du monde je n’arrêtais pas de penser à Lily, j’avais toujours envie d’être avec elle et j’avais tenté de mettre ça de côté en songeant qu’elle avait un copain et que je n’avais pas vraiment le droit de jouer avec elle alors que je l’avais plus ou moins repoussé par le passé.

Je retins un soupire et glissais mon regard sur ses lèvres en me rappelant tout ce que nous avions vécus tous les deux. J’avais toujours su que Lily avait un béguin pour moi, la fois où elle m’avait rejoint au Japon m’avait confirmé ce que je pouvais penser, et si je n’avais pas été sur le point de jouer mon titre de champion je l’aurais sûrement embrassé comme elle s’y attendait. Mais je n’avais pas voulu remettre tout ce que j’avais pu faire en question, je voulais absolument gagner et je savais que faire ce genre de choses m’aurait perturbé dans mon ascension. Mais maintenant j’étais champion du monde, j’avais plus d’argent qu’il ne m’en fallait pour le restant de mes jours, j’avais tout ce que je voulais, sauf Lily.

Je me pinçais légèrement les lèvres et remontais ma main jusqu’à la joue de Lily que je caressais délicatement du bout des doigts en réalisant à quel point sa peau pouvait être douce et ses yeux lumineux. Je n’avais jamais eu une telle proximité avec elle, mais je ne me sentais pas intimidé, c’était différent, comme si c’était évident entre nous. Je fermais mes yeux et approchais mon visage pour glisser mon front contre le sien. J’hésitais encore une demie seconde, savourais la proximité de nos deux corps avant de déposer mes lèvres sur les siennes, j’embrassais prudemment le haut de ses lèvres et descendis délicatement jusqu’au dessous de sa bouche.

Lorsque Noah plongea son regard dans le mien, je n’eus aucun mal à deviner la suite des évènements et pourtant j’aurais préféré avoir le cran de l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard. Cependant au moment où nos lèvres entrèrent en contact je fus incapable de bouger ne serait-ce qu’un seul orteil. Je me sentais incroyablement bien dans ses bras, j’avais la sensation d’être aimée et pourtant je savais que ce que j’étais en train de faire était mal. J’aurais sûrement dû repousser mon ami dès l’instant où nos regards s’étaient croisés mais j’étais comme pétrifiée, je l’aimais depuis longtemps, j’avais tenté de lui faire comprendre lors de mon fameux séjour au Japon mais il m’avait bien fait comprendre que je ne l’intéressais pas et j’avais été profondément blessée par ce rejet. Aujourd’hui je m’en étais remise, je vivais une jolie histoire avec un autre garçon qui me plaisait et j’étais consciente de ne pas pouvoir me jeter dans les bras de Noah quand monsieur estimait être enfin prêt à me donner ma chance. Il était trop tard maintenant, nous n’étions pas faits pour être ensembles même si le réaliser me briser une fois de plus le cœur.

Noah... J-Je ne peux pas faire ça. Soufflais-je alors en me dégageant brusquement de son étreinte.

Je me sentais vraiment horrible de lui infliger ça, j’avais l’impression de me venger de lui et pourtant ça n’était pas mon intention. J’aimais sincèrement Noah, du moins je l’avais aimé mais je n’étais pas une girouette, j’étais attachée à mon couple et les choses auraient sûrement pu être différentes si mon ami avait décidé de m’accorder l’attention que je réclamais au moment opportun. J’étais alors persuadée de ne pas l’intéresser, de ne pas valoir grand-chose à côté de ses monoplaces et de ses circuits de Formule 1, c’est pourquoi j’avais terminé par me faire une raison. Je ne comprenais néanmoins toujours pas pourquoi je me sentais aussi malheureuse de l’avoir repoussé de la sorte, au fond de moi j’aurais voulu poursuivre se baiser, l’intensifier et en profiter réellement mais je n’étais pas ce genre de nana qui s’amusait à tromper ses petits-amis.

Je récupérais alors mon sac, m’excusais du bout des lèvres et m’empressais de quitter le bar où nous nous trouvions. J’essuyais en chemin une larme qui avait sans doute échappé à ma vigilance et ne pu m’empêcher de me demander pourquoi les choses devaient toujours être si compliquées. Pourquoi Noah ne s’était-il pas réveillé avant ? Ses sentiments n’avaient décidemment pas pu naître du jour au lendemain alors quoi ? Comment expliquer que les choses soient aujourd’hui si différentes et qu’en adviendrait-il de notre relation ? Nous étions avant tout amis, j’avais du mal à imaginer ma vie sans Noah…